AGnews

                                       

  LA CLIQUE DE BURURI : Qu'est que c'est ? 

  (B.L., AGNews, Mai 2002 )


Mise au point :  Attention !  Il n'est nullement question de vouloir globaliser lorsque l'on parle de Tutsi Hima originaire de Bururi venant des Communes Rutovu , Matana ou Vyanda ...  dans cet écrit. Notre souhait est simplement de décrire les caractéristiques de ce que l'on nomme dans ce document "La Clique de Bururi". Cela veut dire que tous les  individus Tutsi Hima originaire de Bururi venant des Communes Rutovu , Matana ou Vyanda...   ne font pas partis de cette clique  ci-dessous citée.

 

Concrètement, tout commence à la période postcoloniale (1965), par la prise du pouvoir au Burundi par une poignée d'hommes. Fin 1966, Ces derniers renversent la Royauté. Ils décrètent la REPUBLIQUE. 

 

 

I) Quelques caractéristiques de ces nouveaux maîtres du Burundi :

- Ils sont Burundais, issus de la même ethnie (tutsi) (1), du même clan (hima), de la même province (Bururi) et des mêmes communes (Rutovu , Matana ou Vyanda ...).

- Leurs forces reposent sur le militaire. Il s'agit d' une oligarchie politico-militaire. Le  pouvoir  est celui des chefs militaires qui se succédent.

- HIMA<>HUTU : Leur politique est basée sur une discrimination ethnique. Ils sont insoucieux des problèmes de société burundaise. Le mal est que leur  idéologie  repose sur une sorte  de supériorité "raciale". La conséquence de cette pensée est que depuis leurs accessions au Pouvoir, un mal sociologique est apparu au Burundi: le "Génocide" .   Ils privilégient la minorité Tutsi dont ils sont issues, jouissant en permanence de passe-droits : postes de haute responsabilité, avantages extra-salariaux, commissions occultes, crédits sur crédits, extorsions de terres paysannes, etc. Par contre, ils ne cessent de réprimer la population HUTU.  Hier, leur politique était basée sur ce qu'ils appellaient le "PERIL HUTU" aujourd'hui depuis le Génocide RWANDAIS, comme pour se mettre à jour, ils parlent plutôt de " L’IDEOLOGIE ET DE LA PRATIQUE DU GENOCIDE "

- HIMA<>BAGANWA: Ils ont décapité la ROYAUTE Burundaise

- HIMA<>BANYARUGURU :Ils pratiquent aussi une  discrimination envers les  TUTSI qui ne sont pas de leurs clans. En effet, un des procédés qu'ils ont utlisé pour régner sur le Burundi, c'est le fameux "génocide intellectuel" (parti intégrante du plan SIMBANANYE, premier projet de la 1ère République Burundaise)qui a ainsi fonctionné, des années durant, sans susciter la moindre esquisse de réprobation chez les Tutsi hors jeu:les Banyaruguru. Mais vers la fin du régime Bagaza, cet apartheid scolaire apparut intolérable du fait que les Tutsi, hors Bururi, Bujumbura-mairie et Muramvya, finirent par avouer qu’ils en étaient également victimes. En effet, le système avait poussé le bouchon trop loin en doublant, ces barrières aux recrutements, d’une implacable discrimination en infrastructures : "l’on a concentré la quasi-totalité des cycles de formation débouchant sur l’université dans la seule province de Bururi ainsi que dans les centres urbains où les pions hima dominaient la situation. Les rares établissements d’enseignement général ou écoles normales donnant accès à l’enseignement supérieur furent dans la plupart des cas transformés en simples écoles de formation d’instituteurs sans débouché à l’université. Des instituts para-universitaires furent mis au point, apparemment pour accueillir les rejetons hutu ou tutsi des provinces défavorisées. Le pouvoir, lui, prétendait vouloir former une classe moyenne de cadres de l’Etat, moins coûteuse mais performante. Le jeu était cependant bien remarqué : il s’agissait bien d’affiner la discrimination au service d’une seule ethnie, d’une seule province"(2)

 

- Ils se lèguent  le Pouvoir entre eux. Depuis 1965, ils ont mis en marche une sorte de processus de "patrimonisation"  des ressources du pays où le pouvoir d’Etat est l’unique moyen d’accumulation privée de richesse. Il s'agit bien d'une mainmise ethnique, clanique et/ou locale très rude sur tous les secteurs importants de la vie nationale : l’économie, l’éducation, l’administration publique et parapublique, notamment la justice, l’information, la sûreté de l’Etat, l’armée, la gendarmerie nationale, la police municipale, etc . 

- Sur le plan régional, cette clique repose sur le fameux agenda caché du plan HIMA, qui est celui d'un "empire HIMA" dit "République Unie du Kilimandjaro" dont le sous-secrétaire d’Etat américain Herman Cohen annonça l’émergence vers le milieu des années 90. En effet, le projet d’intégration sous-régionale des pays des Grands Lacs avait commencé d'être évalué en 1986 en vue de la création de cette empire. Mais le trouble fête était là : KABILA Père .





 

II) Quelques noms pour pouvoir mettre un visage à tout cela.

Appartiennent à cette clique : SIMBANANYE Arthémon, Micombero, Bagaza (cousin à Buyoya), Buyoya (neveux de Micombero), le Colonel NIYOYANKANA et le Général NIYUNGEKO (natif de VUGIZO), SIMBANDUKU, Antoine NDUWAYO,  Colonel Simbandugo, Colonel Bikomagu, Colonel Maregarege, Général Hicuburundi,Colonel Nitunga Nestor ,Général  Niyoyunguruza Juvénal , Général Ndayisaba, alias Kibadashi, Colonel Nijimbere Léonidas, Colonel Cishahayo ...





III) Cette clique est actuellement appelée par certains "NTABARUMANIKA ou L’Hexagone du Major Président"

Voici ce qu'en dit Honnorable Jean-Marie SINDAYIGAYA (17 janvier 2003) :

NTABARUMANIKA

OU

L’HEXAGONE DU MAJOR PRÉSIDENT



 Par : Honorable Jean-Marie SINDAYIGAYA (17 janvier 2003)

 





Qui est NTABARUMANIKA ? Est-ce le nom de famille d’un Burundais ? Il aura fallu deux temps pour que le grand public connaisse l’existence du TOP TEN et des mystérieux gros bras qui le composent. Et si le TOP TEN de l’armée scande la cadence de toute la machine étatique burundaise, le Major Président dispose d’un HEXAGONE ou Laboratoire civil hyper rôdé qui compose la partition à faire jouer à la fanfare. C’est cet Hexagone qui porte le nom de NTABARUMANIKA, un nom lui octroyé par une certaine opposition dont je ne citerai pas le nom parce qu’elle a déjà assez d’ennuis sans cela.

Clarifions d’abord la question du TOP TEN de l’armée. Je vous dirai pourquoi plus tard. On peut, certes, parler de TOP TEN mais la réalité pratique nous commande plutôt de parler d’abord des « PARRAINS » de cette armée. Ils ont la particularité paradoxale suivante : Tous sont officiellement retraités de l’armée, mais ils sont plus puissants et plus influents que toute la haute hiérarchie militaire en activité réunie. Sans trop tarder, il s’agit des personnes suivantes : A tout Seigneur tout honneur, le Major Président ; ensuite le Colonel Jérôme SINDUHIJE qu’il ne faut pas confondre avec le journaliste Alexis SINDUHIJE, le Colonel Pascal SIMBANDUKU, le Colonel Jean BIKOMAGU, le Colonel MAREGAREGE et plus loin derrière le Colonel Edouard NZAMBIMANA sans oublier… le Colonel Jean Baptiste BAGAZA comme trouble-fête. Pour ceux qui ne le savaient pas, c’est le Colonel NZAMBIMANA qui fut dépêché à Arusha avant la signature de l’Accord de Paix du 28 août 2000. Il a littéralement terrorisé et menacé de tous les châtiments les chefs de délégations tutsi qui étaient en train de tenter d’approcher les chefs de délégations hutu pour ébaucher un Accord global ne gardant pas de question taboue. Il n’a même pas hésité à proférer ces menaces dans les allées du AICC (Arusha International Conference Center). Sous la Deuxième République, il avait déjà montré un tel sectarisme que même BAGAZA, qui n’était pas un garçon de chœur, en fut effrayé et s’en sépara très tôt avant les grands dégâts. Depuis longtemps, NZAMBIMANA a choisi de tout régler de manière forte et expéditive. Ce n’est pas son ancien collègue au premier Gouvernement BAGAZA, Jean-Baptiste MANWANGARI qui me démentira, lui qu’il faillit assommer en plein Conseil des Ministres. Hélas je n’invente rien dans tout cela.

Comment est-ce que ces personnes ont pu acquérir, conserver si pas accroître leur l’influence après leur départ (officiel bien entendu) de l’armée ? La réponse se trouve dans les mécanismes qui animent les rouages de cette armée à savoir le recrutement et la promotion, les deux se caractérisant par une sélectivité très stricte. Ce n’est un secret pour personne que, pour entrer à l’ISCAM (Institut Supérieur des Cadres Militaires), il fallait un Parrain exactement comme à la maffia. A Dar Es Salaam, j’ai vu une rue qui s’appelle officiellement Maffia Street et, croyez-moi, elle n’est pas plus dangereuse que les autres, mais je vous déconseille de vous y promener tard la nuit.

Quand je parle de maffia ici c’est bien plus sérieux. Il ne suffisait pas d’être Tutsi pour entrer à l’ISCAM, s’y sentir chez soi, collecter des galons et grimper les marches de la hiérarchie pour se retrouver commandant du 1er Bn paras, du 11ième Bn bdés, du 3ième Bn Codos, du 22ème Bn Bdés ou du Camp Mwaro. Quand un Hutu aigri la décrit seulement comme une armée tutsi c’est bien ne pas la connaître car cela ne révèle pas ce que les pouvoirs familiaux, prétendus républicains, en ont fait.

Les Parrains que j’ai nommés en haut ont eu des années sinon des décennies à recruter, à gérer et à promouvoir des officiers et des sous-officiers toujours dans le contexte de procédures très sélectives. Ne croyez surtout pas que quand ils se sont retirés officiellement de l’armée ils ont abandonné leur établissement. L’armée se caractérise par un esprit de corps poussé ; c’est la structure la plus corporative qui existe dans l’Etat. Et quand cette armée est détentrice du pouvoir on ne la quitte jamais pour de bon. Et quand certains projettent de renvoyer cette armée dans les casernes, les héritiers de la structure posent la question à leurs Parrains: « Et vous aussi vous voulez nous abandonner ? ». La réponse est comme celle qu’on lit dans les Ecritures : « A qui irions-nous seigneur ! ». Ici c’est seigneur avec un petit s pour ne pas profaner les Ecritures. Ce seigneur, c’est l’armée qui donne le pouvoir à qui elle veut à commencer par ses fils tel le Major Président.

La conséquence de tout cela est que, à côté de la hiérarchie officielle, il existe une hiérarchie parallèle plus informelle mais plus opérationnelle, celle des relations décrites en amont. C’est ce qui fait qu’un simple Lieutenant, KAMANA, est devenu l’homme omniprésent du putsch du 21 octobre. Ce n’était pas lui qui agissait, car il n’était que le bras de son oncle qui lui figure en bonne place de la liste des Parrains cités en amont. C’est aussi pour ces raisons qu’un simple Major comme BIZURU, qui, de surcroît, n’est pas le plus fort physiquement dans cette armée, se permet de rosser publiquement des Colonels devant un Chef d’Etat-Major qui fait comme s’il n’avait rien vu et cela dans un lieu aussi respectable pour ce corps qu’est le Mess des officiers. C’est ce qui fait aussi que le Major Président n’a jamais été pressé de collecter les galons sans que cela empêche les Généraux de le saluer avec un grand respect mêlé de crainte. Il a retenu les leçons du passé. BAGAZA, un Colonel, s’était payé « le scalp » de deux Généraux, MICOMBERO et NDABEMEYE, alors respectivement Lieutenant-Général et Général-Major. Lui–même Major s’est payé un Colonel le 3 juillet 1987. Quelque chose prime sur le grade. Si vous n’avez rien que des galons, vous n’avez rien du tout ou presque, car il vous reste encore le salut qu’on vous gratifie publiquement au compte-galons : La seule réalité de façade que voient les pauvres civils.

En définitive, les Parrains de l’armée, sont de vieux loups de ce corps qui sont partis en emportant avec eux le bâton de commandement. Dans tous mes ouvrages (quatre) j’ai toujours dit que les militaires se recrutent au sein des civils. Dans la classe politique on voit le même parrainage. Au Burundi, on reconnaît la puissance d’un Parrain politique à la manière dont il parvient à placer au sommet des crétins de la dernière espèce. Ce que je dis ne va pas réjouir tout le monde. J’assume ce que j’écris, contrairement à ceux qui utilisent des pseudonymes, car lorsqu’on est convaincu de la véracité de ce qu’on écrit, la seule raison du recours à un pseudonyme est l’opportunisme. Ce qui permet de rester l’ami de ceux qu’on vilipende derrière leur dos. Je n’en suis pas encore là.

Comme je n’aime pas dire des choses que je ne sais pas prouver, je vais vous illustrer cela par l’exemple type. Comment, d’après-vous, François NGEZE a surgi de nulle part, gravi les marches, pour ensuite devenir le grand troubadour que l’on a connu et finalement terminer en apothéose comme Roi des putschistes ?

Il était une fois un certain être humain qu’on appelait François NGEZE. Lequel enseignait au Collège de Gisenyi (pas Gisenyi au Rwanda mais Gisenyi du quartier industriel de Bujumbura). Il paraîtrait que, pour tout diplôme, il a présenté un document quelque peu douteux. Mais passons, car ce n’est pas ce qu’il y a de plus grave dans son passé. Rentré du Rwanda où il avait été très longtemps réfugié, il a fait une longue traversée du désert et n’avait, semble-t-il, presque plus de quoi se mettre sur le corps quand il a eu ce travail. Comme on dit en kirundi « yari ageze ahamanuka ».

A Gisenyi, un puissant du Laboratoire (qui y est encore aujourd’hui) l’a ramassé et trouvé qu’il ferait un excellent haut-parleur. Et pour que les intéressés sachent que je ne prétends pas savoir ce que je ne sais pas, la personne qui a happé NGEZE vers le sanctuaire UPRONA est BARARUNYERETSE. Il lui a téléphoné en personne pendant que NGEZE donnait cours et lui a demandé de se présenter à son bureau toutes affaires cessantes, comme on dit. La personne qui m’a donné cette information, il y a quinze ans, n’a pas encore oublié, moi non plus. NGEZE, le va-nu-pieds au propre, se retrouva Secrétaire Exécutif de l’UPRONA en Mairie de Bujumbura.

Mais en réalité la personne qui était chargée d’identifier les galériens hutu, qui seraient éternellement reconnaissants si on les tirait du néant, n’était pas BARARUNYERETSE mais un autre haut dignitaire UPRONA, très discret, qui travaillait sans fanfare. La sûreté ne savait pas le dixième de ce que lui connaissait sur l’élite montante hutu. En échange de cette sortie du néant, NGEZE, qui au Rwanda avait été un grand activiste, souvent d’ailleurs téméraire, a aidé à dresser une fiche individuelle sur les éléments les plus en vue rentrés d’exil du Rwanda comme lui. Il le fit tant et si bien qu’on lui en fut reconnaissant. Vous comprenez maintenant comment il est devenu Gouverneur de Bujumbura rural. Parce qu’il y était né croyez-vous ? Il y avait 100% de cela mais aussi 100 % d’autre chose. NGEZE a promis d’aider à balayer le PALIPEHUTU. Il a fait ce qu’on appelle en kirundi « kwemera ubuki utegeka ». Près de 30 années après cette promesse, le PALIPEHUTU (FNL) y est plus fort que jamais. Mieux, ou pire -ça dépend de quel côté on se place- , le FNL-PALIPEHUTU s’est installé sur les terres de la famille NGEZE et cueille même ses bananes, m’a-t-on dit. Comme c’est un endroit où il n’est pas aisé de se rendre, et le Major Président ne me contredira pas, je ne pourrai pas m’y rendre afin de vous confirmer à 100% cette occupation.

Le Laboratoire du Major Président est performant, très performant. Il recourt à tout un arsenal tactique, y compris les classiques du domaine militaire telle que la diversion. Quand sur un terrain de combat vous entendez subitement le feu crépiter sur la droite dites-vous qu’à priori l’ennemi veut, non seulement que vous vous mettiez à découvert mais aussi et surtout que vous commenciez à répliquer sur ce flanc pendant que lui fait mouvement sur l’autre flanc, en direction opposée. Quand NGEZE a été parachuté Secrétaire Exécutif à la Mairie, les milieux PALIPEHUTU ont su qu’il les avait vendus et s’attendaient au pire. Le Laboratoire du Major Président a décidé de l’envoyer à l’autre bout du pays à Cankuzo, l’extrême Est du pays, pour que ces milieux le perdent de vue. Si Dar Es Salaam avait été une ville burundaise, c’est là qu’on l’aurait expédié.

Ensuite, on l’a ramené à son véritable lieu d’affectation, Bujumbura rural comme Gouverneur. Le poste qu’il occupait à Cankuzo. A côté de NGEZE, le Major Président et son Laboratoire ont récupéré des cadres parmi les plus durs du PALIPEHUTU, dont certains font la pluie et le beau temps aujourd’hui. On se rend compte qu’au PALIPEHUTU ils avaient tenu le langage extrémiste non pas pour servir les Hutu mais se frayer un passage vers les sommets. Méfiez-vous toujours de ceux qui ont des slogans ronflants.

NGEZE et les autres « produits de pêche », ont donné les informations permettant au Labo du Major Président d’infiltrer le PALIPEHUTU. Vous comprendrez mieux quand, dans les jours à venir, je vous parlerai de ladite attaque du PALIPEHUTU de novembre 1991. Un PALIPEHUTU qui a eu des armes en novembre 1991 et qui n’avait plus une seule carabine de chasse le 21 octobre 1993. Vous trouvez cela normal ? La version qu’en a donné le Labo du Major Président et que tout le monde a gobé est une pure fabrication. Autre détour nécessaire. L’attaque de Mabanda, en août 1990, elle était due à qui ? Quelques années plus tard, l’un des encadreurs de cette attaque fréquentait des Colonels de l’armée du Major Président. Comment et quand avaient-ils fait connaissance ? Mystère !

Le détour était nécessaire parce que si quelqu’un dit qu’il y a eu un PALIPEHUTU du Major Président on va le prendre pour un fou. Et c’était un vrai et pas comme celui que le Gouverneur de Ngozi NDIHOKUBWAYO avait fabriqué à une certaine époque pour avoir des gens à juger. Ce sont ces « produits de pêche » dont le plus connu est NGEZE, qui ont fait croire au Major Président que le terrain était conquis. NGEZE se retrouva Ministre de l’Intérieur. Un poste clé où se bousculent surtout les crétins et les hommes de paille parce que leur rôle n’est pas d’encadrer la population mais d’asseoir le pouvoir du patron qui les a placés.

Le Labo du Major Président pilote la trajectoire de ses produits avec une précision et une traçabilité impressionnantes. Quand NGEZE est devenu l’heureux élu du Laboratoire il a eu comme collègue et/ou surveillant un certain Godefroid BARANDAGIYE. Qui l’a suivi comme une ombre. Il était son Conseiller à Cankuzo et à Bujumbura rural. Il a fallu adjoindre à NGEZE un Conseiller hutu pour ne pas faire fuir le gibier PALIPEHUTU avant qu’on lui ait administré la potion magique. Pendant que NGEZE était à Bujumbura rural, son collègue BARANDAGIYE ne s’est pas ennuyé. Il paraîtrait que ... mais ce serait faire un détour inutile.

Toujours est-il que quand NGEZE est devenu Ministre de l’Intérieur, son Conseiller BARANDAGIYE est devenu son Directeur de Cabinet. Dans la nuit du 1er juin 1993, le Ministre NGEZE et le Directeur de Campagne, feu Fridolin HATUNGIMANA, se sont livrés à des activités pour le moins peu orthodoxes, pour ne pas parler purement et simplement de tentative de cambriolage des résultats. C’est paradoxalement le Major Président et le Président de la Commission électorale Térence SINUNGURUZA qui les ont empêchés de commettre le hold-up. Ils voulaient fixer à leur seule convenance les résultats à proclamer.

Le Major Président a compris qu’il avait pris un simple haut-parleur pour un chanteur compositeur. Car NGEZE avait des ambitions inversement proportionnelles à son quotient intellectuel. Il se voyait déjà Premier Ministre à l’issue des élections. Le 21 octobre, il a eu mieux pendant deux jours, même s’il s’est surnommé lui-même le Président en pyjama. Parions que s’il avait eu le temps de s’installer confortablement aux commandes, il aurait nommé comme Directeur de Cabinet du Président NGEZE son grand collaborateur, ou surveillant, Godefroid BARANDAGIYE. NGEZE a manqué son rendez-vous, mais BARANDAGIYE n’a pas maqué le sien. Pour ceux qui vivent à l’étranger et qui ne le savaient pas Godefroid BARANDAGIYE est le Directeur de Cabinet du Major Président. Comme Directeur de Cabinet, il n’y a pas plus haut.

Le Laboratoire du Major Président compte à son actif des exploits en surnombre tant et si bien que je ne peux avoir la prétention d’en décrire même le tiers, ne parlons pas de la moitié. Même ceux qui évoluent dans ce qui porte le nom de haute sphère de la politique ne perçoivent rien des vrais acteurs. Ils sont comme celui qui croit avoir vu les effectifs d’une équipe de football en regardant juste ceux qui sont assis sur le banc des réserves. Les milieux hutu ont indexé RUGAMBARARA et NZEYIMANA comme les grands planificateurs des Villes Mortes. Moi j’ai toujours dit que sans la participation de personnalités influentes dans l’UPRONA rien n’était possible. Voilà donc que Joseph NZEYIMANA, invité du mois de novembre 2002 du site de l’ARIB déclarait que le laboratoire des Villes Mortes se trouvait à l’UPRONA. Et que c’est Jean-Baptiste MANWANGARI qui officiait tandis que Antoine NDUWAYO présidait les « commissions techniques ». C’est bien pour cela que, quand ce dernier parlait de ceux qui jetaient des grenades à Nyakabiga, il disait « Les jeunes » et que quand il parlait de ceux qui les jetaient à Kamenge, il disait « Les terroristes ». Ceux des Hutu qui l’ont surnommé BAGOSORA ne savaient même pas le dixième de la réalité et l’ont fait pour quelques peccadilles.

Si vous avez fait attention vous avez déjà deux noms de NTABARUMANIKA, l’Hexagone ou Laboratoire du Major Président. Il s’agit de BARARUNYERETSE et de MANWANGARI. Ainsi lisez NTABARUMANIKA comme suit : NTA comme NTAHUGA; BA comme BARARUNYERETSE ; RU comme RUKINGAMA ; MA comme MANWANGARI ; NI comme NIYONSABA et KA comme KADEGE, le nouveau patron de l’UPRONA. Un nouvel arrivant a sauté sur le train en marche. Il s’agit de Cyprien MBONIMPA. Lui qu’il avait embastillé pour prétendue participation à un coup d’Etat, le Major Président l’a enrôlé. Il applique un principe donné par son prédécesseur BAGAZA qui a dit un jour : « Les Burundais aiment l’argent et craignent le pouvoir ». En d’autres mots, vous collaborerez avec les tenants du pouvoir ou alors ils vont vous ruiner. Vous constaterez que ce laboratoire comprend des diplomates chevronnés et des personnalités politiques qui sont loin d’être des novices. Et croyez-moi, on nous a toujours dit : « N’aho uzoba wanka urukwavu uze wemere ko runyaruka ». Si non vous l’apprendrez à vos dépens.

Les expéditions du Laboratoire ne sont pas dirigées contre une ethnie mais contre toute personne qui se met en travers de sa route. En allant aux négociations d’Arusha le Major Président avait besoin d’être le seul à disposer de forces consistantes. La manière dont son Laboratoire a cloné toutes les formations politiques a été remarquable. A l’ouverture des négociations d’Arusha on a vu Mathias HITIMANA, Président du PRP se disputer le siège avec GIRUKWISHAKA, sous le regard amusé da la délégation du Major Président. Quand ce dernier a eu ce qu’il voulait, à savoir la direction de la transition, il a abandonné les clones qu’il avait fabriqués et il s’est dit : « Adieu paniers vendanges sont faites ».

Au vu de ce que le Major Président, qu’ils étaient partis débarquer à Arusha, n’était nullement disposé à déposer le tablier, son opposition intérieure a créé l’ANAC ou Alliance Nationale pour le Changement, si mes souvenirs sont bons. Certains l’ont surnommée « l’Arnaque » pour jouer avec les mots. Le Laboratoire du Major Président a répliqué par la réponse du berger à la bergère en créant la « Convergence » appelée en kirundi « Uruhongore ». A Arusha, quelqu’un m’a dit : « Injira mu Ruhongore ». Et pour réponse, je lui ai dit : « N’inyana zararuhevye ». Cet Uruhongore ou Convergence était présidée par Augustin NZOJIBWAMI. Une fois, ladite Convergence a sorti un communiqué contre le Médiateur MANDELA. NZOJIBWAMI et les autres ont signé, sauf celui qui avait composé le texte. Le style du texte est indubitablement le sien. Comme par hasard il appartient au Laboratoire.

Que les Hutu, dont on se moquait souvent qu’ils sont bêtes, se tranquillisent. Le Labo du Major Président a dribblé et mené en barque les leaders tutsi du G10. Beaucoup dans l’opinion n’ont certainement jamais entendu parler de la mésaventure ci-après. Avant la signature des Accords d’Arusha du 28 août 2000, MANDELA a fait des consultations pour savoir si toutes les Parties pouvaient accepter que la transition puisse être dirigée par un Tutsi. Presque toutes ont dit oui. Induits en erreur par un ami Sud-Africain du Laboratoire du Major Président des leaders tutsi sont partis faire savoir au Médiateur qu’ils étaient candidats à la succession. N’ayant pas remarqué le piège que « dirigée par un Tutsi » signifiait « dirigée par le Major Président ». En attendant, ce dernier a vu qui convoitait sa place et s’est aussitôt occupé d’eux en priorité. L’un d’entre eux a fait son mea culpa et est rentré dans les grâces, curieusement la veille de la signature. Et avec le Gouvernement du 1er novembre 2001, il a eu des faveurs que les autres partis de l’importance du sien n’ont pas eu.

Le Labo a même fait un coup au CNDD-FDD, à l’époque où NDAYIKENGURUKIYE était maître à bord. Une rencontre du Gouvernement du Major Président a rencontré celle du CNDD-FDD. Alors qu’il n’était rien prévu de tel, un Accord de cessez-le-feu a été signé. Le chef de la délégation du CNDD-FDD n’a même pas remarqué que la délégation d’en face n’était pas de nature à parler de cessez-le-feu encore moins de le signer. Le délégué du Major Président, membre du Laboratoire, qui a pu arracher cette signature-papier de cessez-le-feu est un diplomate chevronné qui n’a plus grand chose à apprendre dans ce domaine. Le résultat obtenu n’est pas la signature en elle-même, qui ne valait rien, mais le fait que les délégués du CNDD-FDD auteurs de cette sottise n’allaient plus jamais réapparaître au premier plan. Ce fut donc une aubaine, car le Labo s’inquiétait de la présence active d’un de ces délégués sur le navire CNDD-FDD. Le papier de cessez-le-feu a été jeté à la poubelle quand ce résultat fut définitivement acquis.

A ceux qui agissent au jour le jour et attendent d’être assommés avant de crier, au lieu de crier et d’appeler au secours avant d’être assommés, le Labo oppose une action synchronisée, laquelle action assure au Major Président une avance permanente de plusieurs longueurs sur ses poursuivants. Après les tragiques pertes en vies humaines qui ont accompagné et suivi l’assassinat du Président NDADAYE, le Labo a mis sur pied un plan parfaitement synchronisé de survie et de conquête à long terme.

Le plan commençait par un tir de barrage. Pour museler le FRODEBU et l’empêcher de parler de putschistes, la meilleure solution fut de dire que ce parti, en tant que tel, avait organisé le génocide des Tutsi. Aucun membre de ce parti ne pouvait alors hausser le ton sous peine qu’on lui colle un dossier judiciaire. Tous les cadres du FRODEBU se sont mis à trembler, tant ceux qui avaient des crimes sur la conscience que ceux qui n’étaient que de simples persécutés. Les plus en vue à l’époque, NGENDAKUMANA et NZOJIBWAMI ont eu des dossiers contenant quatre ou cinq chefs d’accusation de crimes à caractère génocidaire. Quiconque pouvait se dire que si on traînait des parlementaires devant le Parquet Général sans se soucier de l’immunité parlementaire dont ils jouissaient, c’était pour des crimes relevant du flagrant délit. Et que donc les Burundais allaient, dans un débat public, savoir en quoi et comment des parlementaires élus avaient pu commettre l’impensable, à savoir massacrer la population d’électeurs. Car un parlementaire élu a un mandat national (Voir la Constitution) et devient l’élu du Peuple et pas seulement de ceux qui ont voté pour lui. A la grande stupeur générale, ces dossiers disparurent aussi subitement qu’ils étaient apparu. Et, comme par hasard, ils disparurent au moment où se concluait le fameux Partenariat. Permettez-moi de douter que ce soit une simple coïncidence. Nous y reviendrons ; chaque fois que les choses allaient se clarifier au Burundi, des forces ont surgi pour créer l’incertitude générale.

C’est la recette qui ne sort qu’aux grandes occasions. Aujourd’hui, elle vient de réapparaître. Soyez certains que le Major Président et son Club abordent un rendez-vous important et qu’ils ont donné instruction au Labo de mettre la machine en marche. Aujourd’hui, on nous apprend que parmi les instigateurs du putsch du 21 octobre il y avait des hauts dignitaires du FRODEBU. C’est très bien. Mais qui sont-ils, n’ont-ils pas de noms?

C’est curieux qu’on nous le dise juste aujourd’hui pour un putsch vieux de 10 ans. On ne nous dit rien de ce qu’ils ont entrepris qui laisse penser qu’ils aient participé au complot. Quand moi j’affirme que le Colonel Mamert SINARINZI doit comparaître, c’est parce qu’il a lu le communiqué du putsch et que personne, lui y compris, ne peut nier que c’est lui. C’est alors à lui de prouver qu’on l’a forcé de le lire et de dire par qui ? On l’a mis provisoirement à l’abri. Puisqu’il paraît qu’il est actuellement l’un des hommes forts de la CAP ou Conférence des Apôtres de la Paix. Quelqu’un qui a lu publiquement un message qui a conduit à la ruine d’un pays se permet de s’appeler « Apôtre de la Paix » sans un regret ou remord ! Quand ils sillonnent le monde, on les prend pour de véritables Apôtres. Alors que certains devraient plutôt s’appeler les Diables de la Paix sans exagération aucune.

On sort souvent les accusations, non pas pour combattre l’impunité mais soit pour régler des comptes, déclasser des concurrents ou alors faire de la diversion. Depuis des années, certains ont cru pouvoir se débarrasser du Major Président juste en l’accusant d’être le cerveau du putsch du 21 octobre 1993. Quand bien même ils donneraient les preuves, croyez-moi, il faudra bien plus pour le débarquer. On n’a droit à aucune preuve, soit qu’il n’y en a pas, soit alors que ceux qui les détiennent les réservent à de grandes occasions. Ils font ce qu’on appelle en kirundi kumotereza. Parce que tout le monde est devenu expert dans cet art du suspens.

Aujourd’hui on nous révèle un peu tardivement qu’il faut chercher les putschistes partout y compris au sein du FRODEBU. Ainsi donc, au FRODEBU, il n’y aurait pas seulement des génocidaires mais aussi des putschistes. Pourquoi cette révélation tardive mais qui semble tomber bien à propos ? A Arusha, il a été décidé à l’unanimité de demander la constitution d’une Commission d’Enquête Judiciaire Internationale pour le Burundi. Tous les grands chefs jurent par tous les dieux qu’il faut combattre l’impunité. Mais pourquoi ne sont-ils pas pressés de ratifier le Traité de Rome qui permettra de juger ceux contre lesquels la Commission aura établi que de lourdes charges pèsent sur eux ?

La raison est que, à mon humble avis, on veut préparer l’opinion à une nouvelle amnistie générale. De tous les Burundais. Et le FRODEBU devra applaudir des deux mains puisqu’il est accusé d’abriter à lui seul à la fois putschistes et génocidaires. Ainsi, les criminels pourront, une fois de plus, se dissoudre parmi les honnêtes gens. Et c’est cela le secret de l’impunité qui encourage le crime. Et paradoxalement, plus on est grand criminel plus on a la chance de demeurer impuni. Au Burundi, si vous volez une chèvre vous serez crucifié au marché. Si vous prenez 5 millions de dollars à la BRB ou si vous détournez pour 15 millions de dollars d’aide médicale en tuant le Représentant de l’OMS, au lieu de vous lapider, on viendra plutôt vous demander un peu du butin.

N’a-t-on pas honte de parler de réconciliation nationale au Burundi ? Chacun est prêt à laisser le voleur piller le voisin, l’assassin couper la tête au voisin, pourvu qu’il lui promette de ne pas venir faire la même chose chez lui. Les coalitions d’intérêts recourent au pire des machiavélismes. Aujourd’hui, certains Burundais ont créé pire que l’ethnisme. Les principes les plus élémentaires ont disparu. Certains vendraient volontiers leur mère pour un poste de pouvoir.

Dans « La Saga d’Arusha » je disais qu’il vaut mieux avoir à faire avec quelqu’un qui est dur mais qui a des principes. Au moins le jour où vous conviendrez de quelque chose il le respectera. Mais méfiez-vous de ceux qui, aujourd’hui, donnent des leçons et enseignent comment une personne modérée doit se comporter. Avez-vous réalisé que c’est en accédant au pouvoir qu’ils le sont devenus ? Exemple. Renseignez-vous. Quand le Major Président a pris le pouvoir le 3 septembre 1987 à l’Université du Burundi, sanctuaire des agitations, certains étudiants tutsi ont dit à leurs collègues hutu qu’un dur venait de s’installer aux affaires. N’oubliez surtout pas que le Major Président était Chargé des Opérations à l’Etat-Major quand la guerre a failli éclater avec le Zaïre de l’époque. C’est lui qui, au pouvoir, est devenu champion de l’unité avec les résultats qu’on connaît. Dans le camp d’en face, on a vu de grands activistes du PALIPEHUTU abandonner du jour au lendemain le langage stéréotypé de ce parti et rejoindre le Major Président pour nous enseigner l’unité nationale. Ils figurent d’ailleurs parmi les meilleurs amis du Major Président.

La fausseté est devenue une valeur au Burundi. Quand le Vice-Président Sud-Africain ZUMA a rencontré les Signataires de l’Accord d’Arusha, les gendarmes du Major Président ont d’abord évacué les représentants du PARENA. Pour la raison que le PARENA est Signataire de l’Accord d’Arusha mais qu’il n’a pas signé l’acte d’engagement à l’Accord. C’est le monde à l’envers. Le PARENA a peut-être commis un péché mais les autres Signataires ont commis un véritable sacrilège. Ils ont signé l’acte d’engagement à l’Accord d’Arusha et n’ont cessé de le violer. La première violation a été commise quand ces Signataires ont pris part à un Gouvernement dit de Transition avant la signature d’un quelconque cessez-le-feu. Ils ont permis au Major Président de prendre tout son temps avant de venir négocier ce cessez-le-feu pourtant inscrit dans les premiers articles dudit Accord. Deux années de guerre de plus auraient pu être évitées en maintenant la pression. Il vaut mieux ne pas prendre un engagement qu’on sait d’avance qu’on ne va pas honorer compte tenu des conditions que prendre cet engagement et le violer le lendemain surtout de manière délibérée.

Devant l’expulsion de la salle des délégués du PARENA les autres se sont probablement sentis irréprochables. Alors qu’ils sont complices actifs ou passifs de l’intensification de la guerre après la signature d’un Accord de paix. Savez-vous que certains arsenaux comme les hélicoptères lourds de combat ont été commandés après la signature d’un Accord dit de Paix ?

Quand, en sortant, les délégués du PARENA ont rappelé le proverbe kirundi qui dit : « Inkoni ikubiswe mukeba urayirenza urugo », ils faisaient part de ce total manque de principes qui gouverne aujourd’hui la classe politique burundaise. Le Major Président a réussi l’exploit d’inculquer aux acteurs politiques le chacun pour soi et advienne que pourra. En accentuant la répression des groupes trop remuants, il est en train de parachever l’émiettement de l’échiquier politique actuel de Bujumbura. Cela va également relancer l’ethnisme entre formations comme s’il n’y en avait pas déjà assez. Il entame la dernière ligne droite vers un nouveau coup de poker au sommet du pouvoir. Je ne sais pas encore dire qui seront les dindons de la farce. Une chose est sûre. A ceux qu’il n’a pas encore mis sous pression aujourd’hui et qui oublient qu’ils y étaient hier, il réserve la seule alternative suivante : « Mesdames et Messieurs, êtes-vous avec moi ? Si oui merci beaucoup. Si non je continuerai sans vous mais sachez que vous me le paierez très cher ».

Dans un article antérieur, j’avais dit que quand le Major Président partira il nous aura tous transformés en menteurs. Et j’apprends que dernièrement, quand il est parti expliquer l’Accord signé avec Pierre NKURUNZIZA, il a « oublié les annexes à la maison ». Et il n’a envoyé personne les chercher. Veut-il que l’armée se soulève quand elle en apprendra le contenu ? Parce que ce qu’on cache devient suspect de ce seul fait. On peut deviner à quoi servira cette manoeuvre. A l’occasion de la présentation des voeux du Nouvel An, le Major Président a annoncé la couleur. Sans détours il a dit qu’il partira si TEL EST LE CONSENSUS DE TOUS LES BURUNDAIS. J’espère que tout le monde a compris. Il ne partira jamais. Rappelons la définition du consensus. Il y a consensus si personne ne s’oppose à la proposition. Croyez-vous que l’armée, qu’il s’est employé à préparer au refus et à laquelle il a même refusé les annexes de l’Accord signé avec NKURUNZIZA va lui demander de détaler sans préavis ? Faut pas rêver !

Puisque le titre de l’article était NTABARUMANIKA, le Labo du Major Président terminons par là. Les chimistes savent que, à côté des véritables chercheurs de laboratoire, il y a toujours des laborantins qui sont plus des alchimistes qu’autre chose. Figurez-vous qu’il y a de tels laborantins dans les corridors du Major Président. Le premier est le Ministre de l’Intérieur NTIHABOSE. Pour adresser les voeux de Nouvel An de son Patron au Sénateur BAGAZA, le Ministre NTIHABOSE a sorti, le 3 janvier 2003, une ordonnance prolongeant d’un mois sa mise en résidence surveillée. Et tout le monde accepte au Burundi qu’un Ministre se substitue aux Juges sachant qu’on parle de la Séparation des Pouvoirs depuis près de quatre siècles ! Et surtout que ce Ministre se substitue aussi à la loi. Allant jusqu’à ignorer qu’une garde à vue ne peut durer que quelques jours. Il est vrai que, si ce n’est pas lui qui est à la Bastille de Mpimba, quelques jours peuvent partir d’un jour et puis s’étendre à deux jours et, en ajoutant chaque jour un jour de plus, on pourra détenir quelqu’un jusqu’au Jugement Dernier. Et si lui n’est pas à Mpimba aujourd’hui il pourrait s’y retrouver demain.

L’autre laborantin est le Ministre de l’Education MPAWENAYO. En juillet 2002 son Gouvernement avait promis aux enseignants une régularisation pour janvier 2003. Il restait cinq mois et certainement que l’équipe du Major Président s’est dite qu’il avait tout le temps de voir venir. Mais malheureusement, cinq mois passent vite, et même très vite quand on est au pouvoir. Janvier 2003 est entamé et va tirer à sa fin. Les enseignants se rendent compte qu’on tarde à leur dire quand ils iront à la caisse.

Mais voilà que le Ministre MPAWENAYO démontre aux Burundais qu’il est digne de l’attachement que lui voue le Major Président. Il sera bientôt Vice-Roi de la diversion, un véritable clone de son Chef. Au lieu de répondre à la question des Syndicats des enseignants il leur dit plutôt qu’il va d’abord faire la chasse aux « enseignants fantômes ». Et bien entendu, avant qu’il ait fini de les débusquer, il ne paiera personne. Théoriquement tous ces enseignants sont présumés fantômes. Mais combien de temps prendra cette opération de débusquement ou de débusquage des enseignants fantômes, un mois, deux mois, un an ?

Et c’est tout de même incroyable que ce soit au moment où on lui parle de billets de banque en vrai papier monnaie que lui commence à voir des fantômes à la place. De qui se moque-t-il ? Mais les fantômes ne sont pas la seule recette imaginée par l’élève du Major Président. Il va procéder au redéploiement des enseignants dans le pays parce que, semblerait-il, il y a une mauvaise répartition. Et il constate cela exactement au moment où ces enseignants lui demandent la petite régularisation promise. Savez-vous à quoi pourra servir ce redéploiement ? A créer des « enseignants fantômes » à éliminer. Je m’explique. Si vous envoyez des mutations à 20% des enseignants pour qu’ils aillent à l’autre bout du pays et que vous déclenchez simultanément les missions pour soi-disant débusquer les enseignants fantômes, il y a des enseignants qui ne seront recensés nulle part parce que se trouvant entre leur ancien lieu d’affectation et le nouveau. Déjà à l’époque où les gens étaient payés, déménager était difficile et ça m’étonnerait que ce soit plus facile aujourd’hui.

Aujourd’hui, tout le monde ment à tout le monde, y compris aux enseignants qui ont une mission noble. Imaginez-vous si, à leur tour, ils commençaient à mentir aux écoliers en leur apprenant que 2+2=1000 (deux plus deux font mille). Le Gouvernement du Major Président a même menti au Fonds Monétaire International. Dans sa lettre au FMI de septembre 2002 (page 40 du document de la Banque annexe I) le Gouvernement a dit au FMI qu’il honorerait ses engagements envers les enseignants en faisant des économies notamment sur les dépenses de l’armée. Il ajoutait que cela serait rendu possible par la signature d’un Accord de cessez-le-feu. Pendant qu’il faisait des acrobaties pour retarder la signature de ce cessez-le-feu, il envoyait son ami le Colonel SIMBANDUKU sillonner le monde pour acheter des armes.

Pour terminer, un conseil. Pas aux vétérans du Labo parce qu’ils savent ce qu’ils font, même s’ils le font au détriment de la population. Je m’adresserai aux laborantins tels MPAWENAYO, NTIHABOSE et d’autres sur lesquels je reviendrai un de ces jours. Dans un laboratoire, il ne faut jamais oublier les règles de manipulation des produits dangereux. Si vous disposez d’acide et d’eau ne croyez pas que vous pouvez verser l’un dans l’autre à votre guise et dans toutes les concentrations (d’acide). Si vous versez de l’acide dans l’eau, vous pourrez poursuivre votre expérience. Mais si vous versez de l’eau dans de l’acide concentrée, vous allez avoir une surprise très désagréable. Si le laboratoire ne saute pas vous, au moins vous serez tellement défiguré que même votre mère ne vous reconnaîtra plus.

A bientôt





Avertissement

Quelques uns n’ont pas compris les deux raisons qui font que NTABARUMANIKA, le Laboratoire du Major Président, soit appelé HEXAGONE. Un hexagone a six côtés et surtout six sommets. Et quand vous regardez l’Hexagone vous voyez surtout les six sommets qui sont saillants. Et dans le cas qui nous concerne, les six sommets sont NTA et BA et RU et MA et NI et KA. Mais faites attention. Ici il ne s’agit pas d’un polygone régulier. C’est un polygone irrégulier et même très irrégulier. C’est à dire que tous les côtés ne sont pas égaux. A titre d’exemple le côté KADEGE est de loin plus grand que les autres. J’ai montré une ébauche géométrique de cet Hexagone à quelqu’un. Il a failli mourir de rire.

Ainsi NTABARUMANIKA est un Hexagone de par ses six sommets. Mais aussi et surtout, NTABARUMANIKA est un Hexagone par allusion à sa toute puissance sur le sol burundais qui rappelle un Hexagone d’outre Atlantique.

 


NOTE:

( 1) On doit d’abord souligner l’existence de deux catégories distinctes de Tutsi, ceux de la "caste inférieure" ou Tutsi-Hima et ceux de la "caste supérieure" ou Tutsi-Banyaruguru, littéralement "ceux qui viennent du Nord". Il faut noter aussi que le terme "ruguru" a d’autres significations, voulant dire "venant d’en haut" et donc de régions de plus haute altitude ou, au figuré, possédant une condition supérieure, c’est-à-dire "proche de la Cour".

(2) Déo Hakizimana, 1991, Burundi : le non-dit, Vernier, Les Editions Remesha, pp. 35-36.

 

@AGNews 2002