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DES SIGNES DU TRIBALISME INVETERE DES TUTSI DANS LES ETABLISSEMENTS SCOLAIRES AU BURUNDI: SITUATION ET TEMOIGNAGES.
 
 

INFORMATIONS SUR LE BURUNDI

B.I.I.B.-I.O.I.B.

BUREAU INTERNATIONAL D'INFORMATION SUR LE BURUNDI /

EDIT. RESP : GABRIEL SINAMENYE  / BRUXELLES 6

 

Sady Noël

 

N°12-   15 OCTOBRE 1988


 

La IIIème République a hérité certes de bien des tares de la précédente mais pour gagner la confiance et la sympathie de l'opinion nationale et internationale, elle n'avait, jusqu' à l’éclatement des événements sanglants de NTEGA et MARANGARA , manifesté aucune volonté politique de changer les structures organisationnelles dans les domaines politiques, sociaux, et économiques. Il a pu jeter la poudre aux yeux d'un Clergé toujours complice d'oppression en lui assurant la liberté d'action dans ses établissements confessionnels sous certaines conditions.

C'est dans le secteur de l'enseignement que la discrimination ethnique demeure la plus efficace car sa paralysie a des conséquences qui se répercutent dans tous les secteurs de la vie nationale : politique, santé, économie, intégration de la femme, ... Par ailleurs, un peuple privé d'instruction est condamné à la misère, à l'isolement, au silence et à la soumission.

Au Burundi, la grille tribale dans le système de l'enseignement constitue une bombe à retardement qu'il convient de désamorcer, car le peuple hutu de ce pays vit dans un système de discrimination institutionnalisée, réelle mais inavouée. Ainsi, le régime fait tout pour empêcher les enfants hutu de bénéficier de l'enseignement secondaire et supérieur, allant jusqu'à décourager la création d'écoles privées. Le Lieutenant-colonel Jean Claude NDIYO, ex Ministre de l'Education Nationale, croit que Isidore HAKIZIMANA, son prédécesseur, a été imprudent de laisser quelques hutu accéder à l'enseignement secondaire et supérieur.Pourtant, le chiffre qui effrayait les nouvelles autorités de Bujumbura pour l'année 1987 88, ne dépassait guère 10% de l'effectif total des inscrits.

Une nouvelle stratégie : le régime du Major Pierre BUYOYA a juré d'exacerber la colère du peuple hutu pour l'inciter à des révoltes qui seront suivies par une répression sanglante. En même temps, il utilise des étudiants tutsi pour semer la panique dans les écoles. Toutes ces démarches visent à rendre les hutu coupables d'avoir voulu déstabiliser la IIIème République. Par cette tactique, le dépeuplement des écoles d'élèves hutu sera accompli pour former des cadres homogènes tutsi .

La haine entre les étudiants tutsi et hutu est astucieusement entretenue par les hauts responsables du régime qui se gardent de punir les fauteurs de troubles tutsi recrutés dans leur rang. Les Comités d'embrigadement tribaliste de la J.R.R. (Jeunesse Révolutionnaire Rwagasore) exclusivement tutsi sont en place dans toutes les écoles (y compris les Séminaires) pour attiser les conflits ethniques entre étudiants et constituer des mouvements terroristes sous la béné­diction du régime du Major Pierre BUYOYA, qui accepte la torture, les extravagances et les vexations dans tous les établissements scolaires.                     

De fait, lorsqu'on observe les agissements de l'armée, la surveillance du peuple hutu par la Police Municipale sur les collines depuis janvier 1988,. BUYOYA  venait au plus pressé pour organiser le génocide hutu  et étouffer les revendications I légitimes du peuple hutu  opprimé et contraint à l'exil. Partout où ont eu lieu des troubles dans les écoles du pays (Kamenge, Mugera, Musema,Mutumba, Kiremba,  Musenyi, Gisenyi,...), les conflits ethniques orchestrés par les comités de la JRR  avec le soutien civil et militaire local formaient la toile de fond; même, à l'école du Bassin, près du Centre Social de Bujumbura où les enfants tutsi  ont boycotté la proclamation des résultats de IIème trimestre 88 par refus d'avoir des instituteurs hutu, les autorités civiles et militaires tutsi de l'UPRONA étaient derrière.

Dans le climat de terreur, la fuite, l'échec scolaire ou le renvoi sont les seules issues réservées aux étudiants hutu. Lee étudiants tutsi réussissent également à éloigner les élèves hutu en les accusant de violation du règlement scolaire et par les menaces proférées à l'endroit des professeurs hutu.La situation créée par les élèves et les professeurs tutsi est renforcée par les tracasseries judiciaires, car la police judiciaire,la Sûreté Nationale et la Gendarmerie s'emploient à traquer le hutu  par interpellations, séquestrations, détentions d'élèves hutu  pour mettre fin à leur formation. Et plus grave, les élèves hutu renvoyés des établissements scolaires ne peuvent bénéficier ni de reclassement scolaire ni de travail dans leur patrie : le Burundi.

Tous ces gestes visent toujours la provocation et le mécontentement du peuple hutu,  pour inciter celui‑ci  à agir hâtivement et brutalement contre l'agression permanente tutsi caractérisée par l'habituel mode de « casser du hutu ». Pour qui veut les faits, en voici deux tirés au hasard:

E.T.S. KAMENGE

 Le      20 Mars 1988, Réunion des Parents d'élèves.

La      veille à 22 heures, il s'observe un comportement insolite des élèves tutsi: sortant en masse de la salle de T.V., ils provoquent chez les hutu une vague inquiétude qui leur dicte de se retirer aussi. Les hutu et lés tutsi s'épient et se  surveillent mutuellement jusqu'à minuit, quand lé Directeur, Monsieur BUTOYI minuit,quand le Directeur, Monsieur BUTOYI Edmond (tutsi) oblige tout le monde de se coucher en les mettant en garde contre toute tentative de troubler le fragile calme de cette nuit.Pourtant vers 2 heures du matin, les tutsi prennent couteaux, gourdins pour traquer les élèves hutu du dortoir, bloc N°I. Les hutu pris de panique courent hors de l'établissement au moment où ceux du dortoir bloc N°II opposent aux tutsi  une résistance passive.. A cinq heures du matin, NSENGIYUMVA Valère, de la Sûreté Burundaise qui commanditait  la bande des tutsi mettait  au point une liste d'élèves hutu qui avaient échappé la nuit à la torture de leurs collègues tutsi.Les hutu portés sur cette liste  devaient être renvoyés sur approbation obligée des parents venus à la réunion du 20 Mars1988.

Lorsqu'un parent voulut s'enquérir des faits de cette nuit que le Directeur avait eu soin de taire , NSENGIYUMVA Valère qui n' était ni parent ni membre du corps éducatif de l’école prit rapidement la parole et dit que les hutu, en collaboration  avec les blancs de Mutoyi ont attaqué et que l'on s’ est défendu vaillamment comme il se doit, en les empêchant de commettre un crime.Il ajouta que ce sont les. élèves portés à la connaissance des parents qui ont la grande responsabilité de ce qui s’était passé la nuit et qu'ils étaient invités à châtier.

Le parent qui proposa l'examen de la situation n'aurait pas été entendu si le préfet des études n'avait pas insisté sur cette proposition d'établir la vérité sur le rôle d'un italien de Mutoyi, qui était passé pour remettre un ticket de voyage à un élève en difficultés financières pour rentrer en vacances.Par ailleurs, au cours de l'interrogatoire mené auprès de plusieurs élèves ,un jeune élève témoigna, noms à l'appui, qu'il avait vu des élèves tutsi armés de couteaux menaçant les hutu et. il avoua avoir pris fuite à la suite des confiden­ces maternelles qui lui avaient apprises la mort  atroce  de son père à coups de couteaux en1972 par les tutsi. Le verdict final se résuma ainsi : 11 hutu ren­voyés,  60 autres mis en système d'externat, humiliations publiques des élèves et professeurs hutu  malgré l'opposition de certains parents présents à la séance qui trouvaient la décision injuste.

Université du Burundi

La IIIème République a réinstauré les soirées dansantes universitaires que la IIème République  avait interdites à l’Université du Burundi .Le 2 Avril 1988, les organes de la JRR  ont organisé une soirée universitaire sous le haut patronage de l'ex‑Ministre de l’ Education Nationale, le Lieutenant­ - Colonel Jean‑Claude NDIYO. Derrière cette soirée se cachait le drame d'un mas­sacre hutu ,  car un piège était tendu aux étudiants hutu dans un plan minutieuse­ment préparé par les tutsi : tous les techniciens des Arts Martiaux de l'Insti­tut Supérieur des Cadres Militaires (ISCAM) et de l'Institut de l'Education Physique et du Sport du Campus Kiriri ‑(I.E.P.S.)ont participé à ce plan de provocation de hutu.

La vigilance des hutu déjoua de  justesse le plan s'absentant au  rendez-vous­ après avoir pressenti le danger grave car les tutsi habitant les quartiers Nyakabiga et Bwiza avaient discrètement eu la consigne de prêter main forte aux étudiants tutsi.Le Ministre de l' Education National s’ attendait à une réalisation de son plan de massacres d’étudiants hutu, il fut déçu.En colère, il cria à une insurrection hutu, tandis que les nombreux tutsi  du rendez­-vous maccabre s’attroupaient enragés autour du seul étudiant hutu de la Faculté de Littérature Africaine IV qui avait pénétré  dans la salle du bal.Les tutsi le traitèrent de renégat,d’ « umumenja »,le giflèrent en lui collant une fausse accusation de cache d’armes dans sa chambre.

Les étudiants tutsi ont alors alerté les agents de la Sûreté Nationale postés aux environs de la salle de bal qui ont procédé à la perquisition des hutu, sans succès.Bien que la Sûreté n’ait trouvé un motif de culpabilité, les étudiants hutu ont été par la suite incarcérés et torturés par la police et l’armée.

Après les vacances de Pâques, les étudiants tutsi n'ont pas digéré leur échec du 2 Avril 1988. Pour NDIKUMANA Pacelli , 1er Secrétaire de la Section JRR-UB, il fallait forcer les hutu à quitter et à échouer l'Université. Les autres instigateurs de ces machinations étaient des tutsi rwandais des noms de Nasser, Prime et  Aimable qui utilisaient NZAMBIMANA Léonard, BARUTWANAYO Gilbert , NIYONKURU Godefroid et NIMBONA Alphonse, étudiants burundais, chargés d’actualiser ­ les listes de hutu à soumettre au Recteur KARORERO Barnabé.

Le Ministre de l’ Education  Nationale se tait, le Président fait le triste timonier, tandis que le terrorisme et l'horreur des tutsi continuent à se répandre dans ls établissements et être le lot quotidien des étudiants hutu.

 

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