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Le conflit qui touche l'est du Zaïre menace de s'étendre

Washington et l'ONU s'inquiètent

 

Le Monde  25/10/1996


LA SITUATION s'est encore aggravée, mercredi 24 octobre, dans l'est du Zaïre. Les combats se sont rapprochés de Bukavu. Le sort des réfugiés rwandais hutus, qui ont dû quitter les camps de la région d'UVIRA, est de plus en plus incertain. Les militaires zaïrois continuent d'affirmer qu'ils affrontent mm seulement des Banyamulenges - des Tutsis venus du Rwanda mais installés depuis des lustres au Zaïre , mais encore des éléments de armée rwandaise, en dépit des démentis de Kigali.

Le risque d'extension du conflit avec le Rwanda, voire avec le Burundi (dans ces deux pays à majorité hutue, le pouvoir est dominé par les Tutsis), est tel que la communauté internationale s'emploie à éviter le pire, par la voie diplomatique- A Washington et au siège des Nations unies, à New York, les consultations se sont multipliées mercredi. Les États-Unis ont demandé à leurs ambassadeurs en poste au Zaïre et au Rwanda de rester en contact permanent avec les deux gouvernements afin de d'éviter une escalade.

"Nous pensons que nous avons là un désastre humanitaire majeur, cela ne fait aucun doute", a déclaré le de la diplomatie américaine, Nicholas Burns. Le secrétaire de l'ONU, Boutros- Ghali, s'est entretenu de la notamment avec le hautde l'ONU pour les réfugiés(HCR), M- Sadako Ogata, et Pierre Buyoya, le nouveau chef de an Burundi, porté au pouvoir par le putsch de juillet.

A Bukavu, les autorités zaïroises un couvre-feu et des soldats patrouillaient  dans les rues après la tombée de la nuit. Des réfugiés Hutus du Rwanda et du Burundi, arrivés d'Uvira, ont déclaré être poursuivis par des Tutsis, qui se battent eux-mêmes contre les troupes zaïroises. L'armée protège l'entrée sud de Bukavu. Des pièces d'artillerie ont été acheminées à travers la ville, tandis que des véhicules d'organisations humanitaires étaient réquisitionnés par les soldats. Des soldats ont tiré en l'air pour intimider un conducteur qui refusait de céder son véhicule.

Les combats avaient commencé en septembre entre les forces armées zaïroises et les Banyamulenge, mais, mardi soir, pour la première fois depuis le début de la crise, le gouvernement zaïrois a formellement accusé les armées rwandaise et burundaise (dominées par les Tutsis) d'avoir attaqué son territoire dans les provinces du nord-Kivu et du sud-Kivu. Kinshasa les accuse d'avoir envahi la plaine d'Uvira et affirme que maintenant l'armée zaïroise combat l'armée rwandaise près de la ville de Goma, située au nord de Bukavu.

Kigali et Bujumbura ont nié toute implication dans ces affrontements mais des soldats zaïrois, en liaison radio avec leurs forces en opération en bordure du plateau, ont indiqué que des soldats rwandais - dont le nombre n'a pas été spécifié - avaient été faits prisonniers. Selon les témoignages de réfugiés, au moins deux véhicules blindés rwandais ont pénétré au Zaïre et des troupes rwandaises se sont déployées à l'intérieur du Zaïre sur certains points stratégiques proches de la frontière. L'est du Zaïre abrite, depuis 1994, plus d'un million de réfugiés hutus du Rwanda et du Burundi. Ces derniers jours, deux cent vingt mille réfugiés ont abandonné les camps de la plaine d'Uvira.
F.C.

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