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Burundi: L' armée reconnaît le massacre de civils

 

 

Le Courier de l'Escaut  29/10/1996


Des dizaines de Paysans hutus, accusés de collaborer avec la rébellion hutue, ont été massacrés par des militaires à la mi octobre dans le sud-ouest du Burundi. a confirmé lundi l'armée qui a reconnu les faits. « Les faits sont véridiques. Ils ont tué ces gens. C'est une aile affaire », a confirmé le porte-parole de l'armée, dominée par la minorité tutsie, le lieutenant-colonel Isaie Nibizi.

Pour la première fois depuis le putsch du 25 juillet, l'armée a admis que des soldats avaient tué des civils et qu'ils seront sanctionnés pour cela. Elle joue ainsi la « transparence » en refusant de cautionner les bavures d'éléments incontrôlés, dans une guerre civile qui, en trois ans, a déjà coûté la vie à plus de 150 000 personnes, essentiellement des civils, selon Amnesty International.

Selon une source indépendante qui, la première, a rapporté l'information, 112 paysans, hommes, femmes et enfants, qui venaient de se rendre au marché de la localité, ont été arrêtés par des soldats le 13 octobre dans la commune de Matana, en province de Bururi (sud-ouest). ]la ont été exécutés quelques jours plus tard, les militaires les accusant de soutenir les rebelles hutus. Ce massacre peut être interprété comme une mesure de représailles après qu'une vingtaine de Tutsis eurent été tués dans une commune voisine par les rebelles hutus, selon l'armée.

« Une enquête est en cours. La position militaire de Matana a été relevée et les soldats sont actuellement entendus par une juridiction militaire. Ils sont sous mandat d'arrêt. Les familles des victimes ont porté plainte », a indiqué le porte-parole. « On ne sait pas pourquoi . ils ont fait cela. Selon des chiffres non confirmés, 35 hommes, 24 femmes et des enfants ont été tués», a ajouté le lieutenant-colonel Nibizi. Il s'agit du plus important massacre de population civile par des militaires que l'armée confirme depuis le putsch du 25 juillet ayant porté au pouvoir le Major Pierre Buyoya (Tutsi).

L'annonce de ce massacre intervient au moment où les violences se poursuivent. Plus de 25 personnes - dont 12 civils - ont ainsi été tués lors de deux affrontements distincts samedi dernier.

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