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 GENOCIDE
 
 

VITE OUBLIE

 

COMITE SOLIDARITE BURUNDI

Gérard RUSHISHIKARA

mars 1976


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INTRODUCTION


Petit pays sis au coeur de l’Afrique : le BURUNDI,

Il faut nous mettre à l'évidence que ce pays est entré dans sa plus grande crise qu'il n'a jamais connu depuis son existence.
En printemps 1972 , « on a tué. On a tué tous ceux qui auraient voulu lever la tête,on a tué dans les universités, dans les écoles jusqu'au niveau de l'enseignement primaire.vOn a tué dans l'administration, du Ministre au petit employé. On ne saura jamais combien.vAu moins150.000 personnes, Hutu pour la plupart . »(2)

On a tué pour quelles raisons ?
Seule I'histoire nous le dira.

Sous le coup de pareil génocide , nul ne peut rester indifférent.Mais comment voir clair et agir efficacement pour venir en aide aux victimes de ce drame?
En août 1975, j'ai été appelé par l'intermédiaire du "Comité Solidarité Burundi" à me rendre aux camps des réfugiés Barundi en Afrique. Lors de ma visite, j'ai constaté un certain nombre de besoins particulièrement urgents auxquels les réfugiés ne sauraient faire face à eux seuls.

 

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Ces quelques lignes qui constituent ce dossier ne prétendent pas vous communiquer une synthèse de la situation complète des réfugiés Barundi en Afrique. Seulement ce dossier essaie de vous donner un éventail de ce qui se passe, de ce qui existe aux camps des réfugiés Barundi.Il veut insister sur l'analyse de cette situation pour conduire une prise de conscience de l'opinion publique internationale.

Les réfugiés Hutu du Burundi sont conscients de ce que peut faire pour eux et pour leurs frères traqués au pays une solidarité internationale. Non seulement, ils seraient soulagés moralement, mais sont sûrs aussi que la tuerie, encore discrète, pourrait cesser définitivement dans leur pays.

Le Comité Solidarité Burundi espère que ces quelques lignes aideront le lecteur à comprendre la situation des réfugiés Barundi et le pousseront à convaincre ses amis à venir en aide à ces réfugiés.

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GENOCIDE DES HUTU

La plus grande partie des intellectuels HUTU a été décimée sauvagement en mai 1972 au Burundi.Ce génocide s'est fait sous la responsabilité de certains cadres judiciaires,militaires et politiques du pays.
Bien sûr on peut reprocher aux Hutu de leur révolte dans la nuit du 29 avril 1972. Mais, des témoignages troublants montrent qu'en réalité certaines personnalités, ministres (1): SHIBURA, SIMBANANIYE , YANDA,ont non seulement provoqué mais permis la révolte pour pouvoir liquider purement et simplement l'élité Hutu.

Ces événements traduisent tout un contexte de haines et de peurs.
Il existe des extrémistes Barundi qui rêvent de ségrégation, confondant la survie de leurs frères avec leurs intérêts particuliers.
Il existe aussi de très nombreux Barundi qui ont une vue non raciste de la question burundaise et qui aspirent à un peuple réconcilié et à une politique d'équité sociale.

Le seul extremisme à combattre serait celui d'une minorité de minorité.Bien sûr,c'est aux Barundi qu'il appartient de 1 'éliminer.

La situation économique est particulièrement révélatrice des raisons d'une tension, et de malaise sociale
Trois millions et demi d'habitants doivent vivre au Burundi sur une superficie de 27.835 Km carrés.
Cela représente une des densités démographiques les plus élevées d'Afrique-soit 130 habitants par Km carré.
La terre cultivable,seule resource actuelle de ce pays est loin d'être suffisante.
 

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Les autorités de Bujumbura continuent à nier qu'il ait eu un génocide des HUTU au Burundi.Mais comment peut on nier la mort de 150.000 personnes et l'exode de plus de 90.000 réfugiés Barundi ?

Le génocide du printemps 72 obligea les HUTU à fuir rapidement.
Les pays limitrophes, Zaïre,Rwanda et Tanzanie se proposaient de les accueillir généreusement.

Il était cependant naturel que, placés devant un tel afflux d'êtres humains, les trois gouvernements devaient s'adresser aux organismes de secours pour leur demander de l'aide.

Le Haut Commissariat pour les Réfugiés, la Croix Rouge Internationale et la Caritas Catolica avaient alors des bureaux dans les trois pays d'accueil et fut organisé immédiatement un programme d'assistance internationale.

 

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Ce père a perdu trois de ses enfants dans le génocide, génocide qui n'a épargné personne : hommes , femmes , vieillards et enfants.

Le quatrième est dans ses bras.
Il a été mutilé!

Les réfugiés en fuite, en 1973, comme 1972, nombreux utilisaient les bateaux de pêcheurs pour atteindre Kigoma un Tanzanie.

D’autres empruntaient la voie terrestre.Dans ce cas, ils devaient se faire accompagner d'un passeur familier du chemin.

 

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 Le génocide n'a pas même épargné des gosses !

 « Théâtre d'un génocide pur et simple , le Burundi n'en a pas pour autant perdu son crédit à l'ONU et dans le concert des Nations. »(2)

 

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Les difficultés que rencontraient les réfugiés en cours de leur fuite étaient énormes. Ils devaient éviter des barrières de tout genre,montées par la milice du Parti unique UPRONA (3) en collaboration avec l'armée.

Beaucoup sont morts en cours de route sans avoir atteint la frontière du pays d'accueil.
D'autres arrivèrent à la frontière d'un pays d'accueil dans un état déplorable. Épuisés par la fatigue et la faim.

 

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ZONE D'INSTALLATION

Les centres de transit s'avérant trop exigus pour accueillir les centaines des réfugiés en instance de départ pour leur installation définitive en milieu rural et les dortoirs ne suffisant plus c'est sous le feuillage des arbres que certaines familles campent.

Chaque semaine, par groupe de 500 personnes, les réfugiés sont transportés en camions jusqu'au lieu de leur nouvelle résidence.

Arrivés dans la zone d'installation, les réfugiés sont enregistrés. Ce recensement permet la distribution des lopins de terre et l'établissement des fiches médicales qui facilitent la surveillance de la santé de chaque réfugié.

Les enfants en bas âge ont le plus souffert de l'exode. La malnutrition est généralisée. Afin de combattre cette malnutrition, des rations riches en protéines devraient être distribuées régulièrement aux enfants; même au delà de la phase d'urgence que les organismes d'aide internationale jugent comme dépassée.

Mieux serait-il encore d’initier les réfugiés aux techniques d'élevage basse-cour et aux méthodes agricoles modernes. Cette initiation permettrait aux réfugiés Barundi de s'autoalimenter eux mêmes en aliment riche en protéines.

L'approvisionnement des réfugiés en vivre et en matériel n'a pas été chose facile.Il fallait d'abord trouver de l' argent pour pouvoir louer des camions chez des particuliers.

 

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INFRASTRUCTURE

Peu à peu, 1 ' infrastructure se forme Tout le monde participe à la réalisation de cette infrastructure. La première tâche collective est celle consacrée à: l'amélioration des routes d'accès aux camps , la construction de dispensaires,de classes et de maison pour logement.

Mais en attendant un dispensaire provisoire fonctionne.Nombreux sont les réfugiés malades à y être traîtés.Des bébés souffrent du kwashiorkor , de dysenterie et de vers intestinaux par suite de l’alimentation mal équilibrée et de l'eau non potable q'ils consomment quotidiennement.
 

L'instruction des enfants est une préoccupation constante dans une communauté de réfugiés.
Du fait que le swahili , langue nationale de Tanzanie,est aussi parlée au Burundi, les instituteurs et institutrices donnent des leçons en Swahili pour ceux qui se trouvent en Tanzanie et en Kinyarwanda pour ceux du Rwanda.

 

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En attendant la construction des classes en matériau durable,des classes ont été organisée sous abri temporaire par des instituteurs barundi qui ont accompagné les réfugiés leur exode.

Les élèves ont un véritable désir d'être instruit.
Mais le materiel scolaire leur fait défaut : ardoises, crayons , cahiers , tableau ...

Certains enfants abandonnent l'école,malgré leur bonne volonté , leurcourage et leur capacité.
 

 La pauvreté de leurs parents ne leur permet pas de payer le minerval ni de les habiller !

 

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ENHOUSIASME RELATIF

Plusieurs réfugiés ont fait appel aux autorités et aux organismes de secours pour les aider à trouver un emploi mais ils sont par centaines d’intellectuels complètements désoeuvrés, privés de tout travail , de lecture , ou de toute tâche correspondant à leur qualification.

On ne saurait jeter le blâme aux pays hôtes qui ne garantissent pas de possibilité d'éducation, de travail et ne leur assurant pas de toit quand eux-mêmes ne sont pas en mesure d'offrir ces avantages à leurs citoyens.
Il faut reconnaître les efforts déployés par les pays hôtes qui , non seulement ont offert un asile aux réfugiés Hutu du Burundi mais ont distribué aussi des terres fertiles où des centaines de milliers Barundi peuvent y développer leurs cultures vivrières et y refaire leur vie.

Même si la vie reprend son cour dans les camps des réfugiés Barundi, en se rendant à Ulyankulu , à Katumba ou Nyagatare, par exemple,on constate que le problème n'est pas résolu.

Malgré l'enthousiasme relatif qui y règne, chaque réfugié pense et se demande à quand le retour dans sa patrie.
 

 

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"Nos préoccupations.. .. !

 

L'avenir de nos enfants"     

 

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MORALE INTERNATIONALE

Un génocide dépasse de loin le cadre étroit d'un pays ; il ne s'agit plus d'une affaire intérieure quand on parle de l'aide qu'il faudrait apporter aux réfugiés Hutu du Burundi.

Il s'agit d'une affaire qui intéresse l'Humanité.

L'affaire du Burundi n'a pas été fort évoquée à l'ONU ni à l'OUA,Organisation Africaine qui insiste toujours pour que des problèmes africains puissent être réglés par les Africains eux-mêmes;elle aussi reste silencieuse.

Il faut permettre aux HUTU du Burundi de reconstituer leur élite intellectuelle et éviter la marginalisation de la population des camps.

Pour ce faire une solidarité internationale devrait jouer pour permettre aux enfants des réfugiés et orphelins d'avoir une instruction.

 


 

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"Nous avons aussi droit à la vie"
 

 

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"Quand retrouverons-nous nos terres? Notre patrie?"

 

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SOLIDARITE BURUNDI

Afin de réaliser cette solidarité,il s'est créé à Bruxelles en 1974 un « COMITE SOLIDARITE BURUNDI » composé de personnalités venues de tous les horizons politiques et philosophiques les plus divers.
Le Comité Solidarité Burundi a pour objet,indépendamment de toute option politique ou idéologique de ses membres d'aider et de soutenir les populations burundaises victimes de discriminations ou de persécutions raciales politiques ou sociales.

Opérationnellement,son action se déroule sur deux plans.

- en Afrique,nous collaborons à des projets concrets de formation et d’éducation des réfugiés Barundi selon leur propre demande.

- en Europe,nous veillons à l'information du public belge et européen.

 

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Le secrétariat de l'association est actuellemnt confié à un Burundais.
Les activités de celui-ci sont notamment:

• Information générale-conférences, projections de films, de diapositives, exposition, publication de périodiques;

• Contact avec les membres de l’association,,recrutement de nouveaux membres;

• Contact avec les réfugiés, réalisation de projets concrets d'aide aux réfugiés;

• Recherche de fonds et de matériel pouvant apporter une amélioration de la situation des réfugiés Barundi;

• Application et contrôle de ces projets.

Les camarades désireux de se joindre à nous peuvent nous contacter à l'adresse suivante:

COMITE SOLIDARITÉ BURUNDI                                                       Té1:02/734.13.52
Rue des Platanes,23                                                                           ccp:OOO-O175 101-16
1040 Bruxelles
BELGIQUE                                                                                       
                                                                                                                                   

 

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MISE EN GARDE

Aussi tenons nous à mettre en garde le public belge et européen sur l'existence en Belgique de l'association des «Amitiés Belgo-Burundaises» créée à l'initiative du procureur général de la République du Burundi et avec la collaboration des Belges installés au Burundi.

Il est évident que cette association est une sinistre farce destinée à promouvoir uniquement des intérêts financiers et commerciaux belges et européens ayant soutenu par-là le régime raciste et dictatorial du Burundi actuel.

RUSHISHIKARA GERARD
 

Mars 1976
 

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Notes:

(1) Ministres SHIBURA, Intérieur et Justice ;

                        SIMBANANIYE, Affaires Étrangères et Coopération;

                        YANDA,Information et Secrétaire Général du Parti unique UPRONA

(2) Naufrage au Burundi:Ligue Belge pour la Défense des Droits de l'Homme -septembre 1972

(3) UPRONA, Parti unique:Unité pour le Progrès National.
 

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S 0 M M A I R E

Introduction                                           p.4
Génocide des Hutu                              p.6
Installation des Réfugiés                    p.11
Morale internationale                           p.16
Solidarité Burundi                                p.19
Mise en garde                                        p.21

                                                                                       No 1 D 3 76
 

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