AGnews

                                       

      

L'enfer burundais raconté par les blessés 

Grenades à gaz, mitraillades, coups de baïonnette : les armes du massacre

 

La Libre Belgique 29.8.1988 

 


Cinquante mille réfugiés burundais sont arrivés au Rwanda et leur nombre augmente au rythme de plusieurs milliers par jour, ont indiqué les autorités rwandaises à Butare (Sud).

Beaucoup de réfugiés ont décrit la manière dont ils ont fui les massacres de l'armée burundaise, contredisant la version du gouvernement de Bujumbura qui affirme que l' ethnie majoritaire hutu ( 85 p.c. de la population) a massacré des membres de l' ethnie tutsi au pouvoir. On ne sait toujours pas le nombre de victimes - il varie entre 5.000 et 50.000 morts.

Soixante-six réfugiés, parmi les plus grièvement blessés sont soignés à l'hôpital universitaire e Butare. Le directeur de l'hôpital, le Dr Jean Gahungu, a déclaré que les neuf dixièmes des réfugiés soignés étaient des Hutus et que ceux qui étaient capables de raconter leur calvaire avaient décrit dans le détail des massacres commis, par l'armée burundaise, majoritairement tutsi.


COUPS DE BAIONNETTE. Une fillette de douze ans, Valérie Mukamusoni, soignée our plusieurs blessures de baïonnette, a raconté comment des soldats avaient rassemblé des villageois dans la maison de son père a Ntega (nord du Burundi, à la mi-août).

Les soldats ont ensuite ouvert le feu à travers les fenêtres, a-t-elle poursuivi. Ses deux frères et ses deux soeurs ont été tués et elle a reçu des coups de baîonnette en fuyant le carnage.

Son père, Pierre, un fermier de 38 ans, venu au chevet de sa fille, a déclaré s' être caché quand il a vu les soldats arriver. Il savait qu'il y avait eu des massacres trois jours auparavant près de Marangara.

Il est revenu après la fusillade et a trouvé 40 cadavres entassés dans la maison. Il a pu trouver sa fille et ensemble, ils se sont enfuis, traversant à bord d'un petit bateau la rivière Akanyaru qui constitue la frontière entre le Burundi et le Rwanda.

DE L'ARGENT. Dans une autre salle, une femme de quarante ans, également originaire de Ntega, dont la main gauche a été amputée après avoir été brisée par une balle, décrit la terreur qui s'est intallée quand des soldats sont arrivés chez elle, où elle s'occupait de 25 enfants, les siens et ceux des deux autres épouses de son mari.

Les soldats ont demandé de l'argent, raconte-t-elle. Devant son refus, ils ont lancé des grenades à gaz dans la maison. Elle et les enfants ont couru dehors. Un des soldats lui a dit de rentrer, déclarant qu'il ne voulait pas la tuer. Alors qu'elle franchissait la porte, elle a reçu un coup de feu au bras.

Les enfants ont couru dans toutes les directions mais ont été abattus par les soldats, poursuit-elle. Les trois seuls survivants étaient trois de ses propres enfants

 

 

 

@AGNews 2002